Portrait

Ils font l'Université de Lyon : Marie Lopez Y Laso

Le 25 juin 2020

Crédits : Marie Lopez Y Laso
Crédits : Marie Lopez Y Laso

L'Université de Lyon est partie à la rencontre de Marie Lopez Y Laso, étudiante en géographie environnementale à l’Université Panthéon-Sorbonne. Elle a choisi de finir son master « Biodiversité, Territoire, Environnement » avec un stage de recherche participative au sein de la Boutique des sciences de l'Université de Lyon. La future diplômée met son expertise au service de l’association ACOPREV, Association communale de production d’énergie verte de Saint-Julien-en-Quint, basée dans la Drôme.

En quoi consiste votre étude Boutique des sciences ?

Positionnée sur des enjeux de transition énergétique, l’association qui m’accueille, ACOPREV,  développe un projet « d’autoconsommation collective » : consommer une énergie renouvelable, pour l’instant solaire, produite localement ! A ce jour, la première opération d’autoconsommation collective concerne une toiture privée à Saint-Julien-en-Quint, et couvre 20% de la consommation d’électricité de 26 autoconsommateurs. Deux autres toitures ont également été installées dans deux autres communes, et couvrent 250 m² avec une production annuelle prévue de 58 000 kWh.  La dynamique est déjà bien lancée. La problématique est maintenant de pouvoir vraiment remettre les habitants des 6 communes rurales concernées au cœur du projet. Et c’est là où j’interviens. Aider à répondre à la question initialement posée par l’association « comment permettre aux habitant.e.s de la vallée de s’approprier le processus de résilience énergétique malgré sa complexité technique ? » La question de la participation citoyenne me paraît vraiment fondamentale car je pense qu’il est tout à fait légitime que les citoyen.ne.s aient cette envie de prendre part activement à la vie publique, et de décider du devenir du territoire qu’ils.elles habitent. Travailler sur cette question c’est réfléchir à comment passer d’un système où l’on délègue entièrement la production et la gestion de l’énergie à l’Etat ; à une gouvernance issue d’initiatives locales, ce qui permet d’aller vers une décentralisation du pouvoir. C’est également montrer que la ruralité peut aussi être synonyme d’innovation.

Qu’est-ce que le confinement a changé dans le déroulement de votre mission ?

J’avais prévu une première phase de « prise de recul » avec des temps d’immersion sur le territoire et d’échanges avec les Quintounes et Quintous pour comprendre où ils.elles en sont. Les initiatives d’ACOPREV permettent-elles selon eux de répondre (partiellement) au effets du changement climatique qu’ils.elles perçoivent dans la vallée ? Comment envisagent-ils l’évolution des projets portés par ACOPREV ? Comment envisagent-ils leur propre rôle dans cette transition énergétique ? Le confinement ne me permet pas de réunir publiquement les habitant.e.s et d’animer des temps collectifs. Néanmoins, j’ai réussi très facilement à échanger par téléphone avec des citoyens aux professions et âges très variés, et installés sur le territoire à différentes époques. Du natif au néo-rural, de la musicienne-interprète à l’éleveur de brebis depuis trois générations, en passant par l’éco-constructeur, le retraité-artiste ou le producteur de champignons, ici la diversité des personnes est d’une grande richesse. J’ai été très agréablement surprise par la tournure qu’ont pris ces entretiens. Le fait que l’on soit tout.e.s dans la même situation et qu’il y ait en même temps une certaine distance, du fait du téléphone, a créé une sorte d’intimité. Je trouve que cela a particulièrement libéré la parole.

Vous avez, en quelques sortes, réussi à transformer les contraintes en opportunités ?

Au début, l’idée de ne pas pouvoir animer de temps collectifs m’a attristée. Et puis, au fil des entretiens, j’ai finalement découvert que certain.e.s habitant.e.s étaient un peu « las » des réunions à répétition. Ou bien dans l’attente d’un renouvellement des formes de réunions. Et ils.elles ont commencé à proposer leurs idées. Quelques-uns m’ont suggéré l’idée d’envoyer un beau support papier par voie postale. Pourquoi pas aussi lancer une boîte à idées en version numérique ? Avec le confinement, on est moins réunis physiquement, mais c’est également l’occasion de multiplier les manières de s’exprimer… à distance.